Toujours sur la côte Est de l'Inde, et l'on poursuit tranquillement notre descente....
Dans ce pays qui n'a de cesse de nous surprendre ! Et de nous plaire !
Succession de spots de plages, dont "Calm Beach (B)" ou "Srikakulam (A)" ou "Tranquebar (D)" et son fort danois rose... etc... sur lesquels on n'a pas grand chose à raconter...
Beau, calme et tranquille : contrairement à ce qu'on avait imaginé au départ...
Seuls au monde, ou presque, des traces anthropiques sont bien là !
Fidèles à nos habitudes, on entreprend toujours le nettoyage de nos spots -ça déborde !- ça occupe malheureusement...
On récupère et on brule sur place, faute de solutions adéquates...
Quand on n'est pas occupé, on lit, on surfe, on nage...
Successions également de rencontres atypiques, d'épisodes de la vie quotidienne, notamment autour de la pêche (utile de rappeler qu'on est devenu complètement végétarien ?!)
Se succèdent aussi les statues en construction, des temples en activité ou pas,
et d'autres cérémonies auxquelles on ne comprend pas toujours tout.
En photo, un enfant qu'on force à s'incliner devant la tête de la chèvre qu'on vient de sacrifier... Tout un programme ;).
Notre route nous fait croiser toujours autant d'équipages improbables, des villages où l'art du Kolam est bien présent. Ce sont des peintures, le plus souvent réalisées à base de poudre de craie, et par les femmes, elles sont faites en l'honneur de la déesse Lakshmî et sont censées apporter chance et prospérité dans la maison et la famille.
Nous fêterons aussi notre premier "Holi" : entre la victoire du bien (lord Vishnu) sur le mal (la démone nommée Holicat) et l'arrivée du printemps, le tout se célèbre joyeusement et hautement en couleurs ! Et ce, depuis l'Antiquité en Inde...
Nous passerons ensuite sur le Lac Pulicat, grosse réserve d'oiseaux migrateurs ou pas (ils ne sont pas pléthores en cette saison)
avant d'arriver à Chennai (ex Madras) qu'on évitera volontairement... trop urbain !
Plus au sud, c'est Puducherry (C - ex Pondicherry) qui nous accueille un moment...
Le temps des colonies reste assez vif (comme dans tout l'Inde ou presque), avec une présence française toujours importante, dans un quartier français. On est dans la seule ville indienne (et sans doute asiatique) avec un monument aux morts dédiés à la première guerre mondiale !
Sa promenade sur la jetée avec son marcheur célèbre, ses édifices et son héritage colonial avec de jolis bâtiments et des noms de rue tout inspiré, en français et tamoul (langue locale) !
On est passé par l'Alliance Française, ça commencerait presque à devenir une habitude ! Belle exposition en cours, magnifique bâtisse sur la jetée (ci dessus), et programmation culturelle intéressante (comme c'est souvent le cas).
A quelques kilomètres, c'est Auroville dont la charte précise qu'elle n'appartient à personne en particulier, mais à toute l'humanité dans son ensemble.
Auroville : tout un concept ! Un homme nouveau (ni matérialiste et égoïste), une nouvelle société qui ne serait pas dominée par l'argent mais par l'évolution spirituelle de ses membres qui trouverait place dans une ville internationale, inaugurée le 28 février 1968, il y a 50 ans !!. En 1966, l’UNESCO votait une résolution unanime reconnaissant le projet comme important pour le futur de l’humanité.
Emplacement choisi de par la présence d'un magnifique banyan tree (les banyans trees ont cette particularité de faire des racines aériennes qui viennent replonger au sol, rendant l'arbre indestructible !) Il possède plus d'une 40aine de racines implantées, on le contraint aujourd'hui au diamètre de 50 mètres !
Ce banyan tree en photo n'est pas LE BANYAN TREE (encore plus gros que celui-ci), les appareils photographiques n'étant pas autorisés dans l'enceinte du Matrimandir....
Cette cité a vu le jour grâce à Mère (une française répondant au nom de Mirra Alfasa... ), adepte des écrits et paroles de Sri Aurobindo (penseur, poète et inventeur du yoga intégral) ; et si les 2 se sont éteints, respectivement en 1973 et en 1950, il demeure une certaine dévotion quand les premiers pionniers les évoquent..
Sur cette terre quasi désertique d'une vingtaine de kilomètres carrés, un incroyable travail de reforestation, de préservation des ressources en eau, de recherche sur les briques en terre compressée, d'utilisation de matériaux recyclés, etc... on y trouve la "ferme aux cailloux" qui distribue des graines de plants bios aux alentours, une production de spiruline, un shaper de planches de surf, etc...
On a passé quelques jours ici, immersion facilitée par Laure et Fred, qui, après un road-trip en camion, se sont installés ici avec leur 2 enfants pendant 2 ans (ils repartaient cet été au sud de la France).
L'occasion pour nous de visiter une première fois le Matrimandir (littéralement le temple de la mère, celle universelle pour entrer en conscience supramentale) ou l'âme de la cité, créé au centre d'Auroville, grande sphère dorée où Mister Spock aurait évolué quasi normalement...
Tout y blanc, ouaté, et au centre de l'hémisphère supérieur, une pièce ronde de marbre blanc au milieu de laquelle un cristal de verre irradie la lumière naturelle... On s'est donné le temps d'une première visite, puis d'y retourner pour y vivre plus longuement pour une méditation, pour y trouver notre conscience ?
Tout autour de la chambre intérieure, quelques douze pétales, chacun d’une couleur différente et chacun porteur d’une qualité différente (courage, bonté, humilité, paix, progrès, réceptivité, aspiration, persévérance, gratitude, sincérité, égalité et générosité).
On a aussi passé des soirées dans 2 communautés différentes (Il y en 80 au total, les hameaux ont tous un nom "inspirant") et d'avoir un avis mitigé quant à la réussite du rêve de Mère et d'Aurobindo.
L'idée originelle est assurément belle !
A ce jour, quelques 2500 personnes habitent et vivent à Auroville, ne possédant rien (sauf ceux qui ont fait une grosse donation), travaillant pour la collectivité...
47 nationalités différentes sont représentées - dont un millier d'Indiens et près de 350 Français.
L'éducation, la santé, la culture et les activités sportives sont gratuites, mais chaque Aurovillien est censé subvenir à ses propres besoins : les nouveaux venus doivent disposer de l'argent nécessaire pour vivre au moins un an sur place.
Si vous voulez en lire encore plus, tout est possible sur le site officiel.
Et moult touristes et visites qui engendrent un joli bénéfice...
Tout cela donne un emploi et des revenus à quelques 5000 locaux.
Auroville - d'aucuns parlent de relents de colonialisme, d'autres d'utopie toujours vivante (selon le titre de cet article de Reporterre à lire ici).
On oscille un peu entre les 2 mais on est ravis de s'être fait notre propre opinion, sur place et en rencontrant des néo-arrivants ou des aurovilliens !
Un peu plus au sud, c'est une pointe qui fait face ou presque au Sri Lanka, Rameswaram (E)...
Son temple coloré (quasi psychédélique) et sa pointe Danushkodi (au autre "bout du monde" ;) ) qu'un ouragan a détruit en 1964 (à l'exception d'un petit temple). On voit, parmi les dunes, les ruines d'une église, d'une école et une voie de chemin de fer abandonnée.
Une étendue d'eau quasi plate qui nous fait apercevoir le Sri Lanka à quelques trentaines de kilomètres de là.
La légende veut que Rama, avec l'aide d'Hanuman, soit allé de bancs de sable en bancs de sable récupérer sa bien-aimée au Sri Lanka enlevée par un démon, et ai ensuite créé le temple de Rameswaram, haut lieu de pèlerinage.
Les gardes côtes quant à eux utilisent un hydroglisseur pour pouvoir évoluer sur ces étendues..
Terre, mer, ciel, quelle différence au juste ? Lequel se mire dans l'autre ?
Encore un peu plus au sud, une autre pointe avait relevé notre intérêt : Manapad (F), petit village de pêcheurs ; on y a vu aucune commodité : pas de dhaba (ou cantine locale), pas d'hébergement... Pourtant, Manapad est référencée comme l'un des meilleurs spots de surf, kite surf en Inde... L'intérêt de ce village, ce sont ses 10 églises, sans compter les 2 en construction !
On a d'ailleurs assisté à une cérémonie, catholique, mais toute aussi fervente et démonstratrice, indienne quoi... Un défilé de la Croix portant le Christ, encadré de gladiateurs indiens dorés, où les enfants sont amenés à toucher les pieds du Christ au passage...
Un village qui compte quelques 6000 âmes, quelques vaches et biquettes, et en bord de mer, un puits qui attire les femmes du village le matin et le soir, un lavoir à l'ancienne, et une douche extérieure à faire pâlir d'envie tout voyageur !
Une semaine à Manapad, entre sessions bains de mer, paddle ou surf ou les 2 ; douches à volonté et lessives ; générosité et plaisir des locaux : ainsi, Rubalt et ses idlys offerts, ou son invitation à déjeuner, pique nique partagé avec le jeune Joshua (une dizaine d'années et parfaitement bilingue) et sa famille pour clore ce parfait moment, dans ce parfait endroit :)
Et comme il nous est de plus en plus difficile de faire un choix dans nos centaines de photos, en voici quelques autres !
A propos de la pêche...
L'avantage avec les photos, c'est l'absence d'odeurs !! ;)
Le choix se fait ainsi, ça ne choque personne : les poissons sont présentés tels quels et le rinçage se fera plus tard... :)
A propos des temples et cérémonies...
Petit temple à priori abandonné du côté de "Clam Beach"
Hanuman en version géante, technique d'échafaudage en bambous très impressionnante... ;)
Les ingénieurs du son apprécieront le déploiement technique !
A propos du lac Pulicat
A propos de Puducherry...
Église de Notre Dame des Anges
Statue de Dupleix (gouverneur général des Indes Françaises de 1742 à 1754)
Défilé uniforme de charmantes écolières
Cimetière français, coloré et suranné : on rappelle que les hindous se font incinérer...
A propos de Rameswaram
Philippe se prend pour Rama !
A propos de Manapad...
Spot parfait ! Eau salée, eau douce, calme et accueillant...
Session nettoyage du lavoir !
Session récupération d'eau potable !
Pique nique : feuille de bananier, parathas et curry de légumes...
Excellent petit Joshua !
Une autre tradition persistante depuis des millénaires : la première tonte avant les 3 ans... Les cheveux sont associés à ses vies antérieures, cette tonte libère l'enfant du passé et lui permet de croitre sereinement... Cette tête rasée montre la pureté et l'absence d'égo. On enduit ensuite le crâne de pâte de bois de santal.
Les églises ne sont pas toutes des petites chapelle dans cette petite bourgade de Manapad, et loin s'en faut !
Hop !! C'est fini...
Enfin, presque... On s'éclate avec 3 fois rien en Inde...
Épisode 3 à venir ;)